Avec le Great Place To Work Lab @ HWZ, une initiative commune entre Great Place To Work Suisse et la HWZ Hochschule für Wirtschaft Zürich est lancée. L'objectif est d'établir une plate-forme permettant de développer la culture du travail et de l'organisation de manière scientifiquement fondée et en même temps proche de la pratique. Le laboratoire regroupe la recherche, la formation continue et le conseil et veut aider les cadres, les responsables RH et les entreprises à ne pas laisser la culture au hasard, mais à la façonner activement.
Peter Statz, directeur du département Management & Leadership de la HWZ, et Thomas Schneider, copropriétaire de Great Place To Work Suisse et initiateur du Lab, parleront du contexte, des objectifs et des défis de cette initiative.
Quel a été l'élément déclencheur pour lancer le Great Place To Work Lab @ HWZ ? Pourquoi est-ce le bon moment pour lancer un tel projet ?
Tom Schneider : Dans le cadre de nos activités avec les clients, nous constatons de plus en plus souvent que le mode de collaboration des personnes au sein des organisations constitue un avantage concurrentiel décisif. Les moteurs de cette évolution sont notamment la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, les mutations numériques et technologiques ainsi que les formes de travail hybrides.
"Il est important de considérer la culture et la stratégie non pas comme des adversaires, mais comme les deux faces de la création de valeur de l'entreprise".
C'est pourquoi, avec le Great Place To Work Lab @ HWZ, nous souhaitons créer une plateforme qui permette de façonner de manière ciblée la culture du travail et de l'organisation, au lieu de la laisser au hasard.
Peter Statz : Tom et moi nous connaissons depuis longtemps, et l'idée de collaborer plus étroitement à l'avenir est née d'un projet commun à la HWZ. Great Place To Work dispose de données empiriques et de repères datant de plusieurs décennies sur la culture du lieu de travail, la satisfaction des collaborateurs et la qualité du management, tandis que la HWZ apporte une expertise scientifique, des compétences méthodologiques et une forte orientation pratique dans les domaines du leadership, du développement organisationnel et du management. Les deux institutions poursuivent le même objectif : promouvoir un bon leadership et des cultures d'entreprise basées sur la confiance. Ensemble, nous voulons acquérir de nouvelles connaissances sur ce qui caractérise aujourd'hui un leadership efficace, une culture forte et la résilience organisationnelle - surtout à une époque où les entreprises sont si fortement sollicitées pour se transformer en permanence. Peut-être parviendrons-nous à apporter une petite contribution pour que l'homme continue de guider la technologie à l'avenir - dans l'esprit de la devise : "Culture eats technology for breakfast".
Le Great Place To Work Lab @ HWZ met l'accent sur le transfert entre la science et la pratique. Comment la HWZ veut-elle s'assurer que la recherche parvient effectivement aux entreprises ?
Peter Statz : Eh bien, il y a différentes interfaces qui nous aident à nous rapprocher encore plus des entreprises. Notre nouveau CAS Business Culture Design en est un élément central. Dans ce programme, les cadres, les professionnels des RH, les agents du changement et les experts techniques apprennent à concevoir de manière ciblée des cultures de travail et d'organisation et à les développer de manière stratégique et efficace. En complément, une formation au leadership, des projets de recherche communs, des travaux de master et des publications permettent un transfert précieux entre la science et la pratique, tout en enrichissant notre enseignement à la HWZ. De plus, nous mettons en place un réseau sous le nom de "Friends of the Lab", qui sert de plateforme d'échange, de coopération et d'apprentissage commun entre les entreprises, les chercheurs et les étudiants.
Great Place To Work accompagne depuis des années les organisations dans leur développement culturel. Quelle valeur ajoutée vous apporte le partenariat avec une université ?
Tom Schneider : D'une part, nous atteignons, par le biais de la HWZ, une nouvelle génération de cadres qui considèrent très tôt la culture comme un thème stratégique. D'autre part, nous pouvons vérifier empiriquement des hypothèses sur la culture du lieu de travail et rendre ainsi nos conseils encore plus basés sur des preuves.
"Un aspect central de cette coopération est pour nous le fait que la HWZ possède une grande expertise dans l'association de la science et de la pratique. Cela permet au Lab d'ancrer encore davantage le thème de la culture comme facteur de conception dans la conscience des organisations".
Comme Peter l'a déjà mentionné, un partenariat me lie personnellement depuis longtemps à la HWZ. J'y ai fait ma thèse de doctorat dans l'équipe du professeur Dr Sybille Sachs et je suis également actif depuis de nombreuses années en tant que professeur dans différentes filières.
Le Lab repose sur quatre piliers : CAS Business Culture Design, Leadership Training, Events & Community et Consulting. Lequel de ces piliers est, selon vous, le plus important - et pourquoi ?
Peter Statz : J'espère que les quatre piliers seront perçus comme importants et que les entreprises utiliseront également notre offre dans sa diversité. Toutefois, chaque pilier apportera sa propre contribution et la somme sera plus importante que les parties individuelles. Le CAS Business Culture Design et le Leadership Training auront bientôt un impact. Le conseil, la recherche et la communauté ont besoin de plus de temps.
Tom Schneider : Je nourris le même espoir que Peter, car je suis convaincu que c'est justement l'interaction des quatre offres qui permet de mieux positionner le thème de la pertinence stratégique de la culture de travail et d'organisation. Avec le CAS et le Leadership Training, nous formons les étudiants à comprendre la culture comme un facteur de création de valeur important pour l'entreprise. En collaboration avec l'équipe de recherche de la HWZ, nous souhaitons en outre approfondir de manière ciblée de nouveaux thèmes dans le champ de tension entre culture et stratégie et vérifier nos hypothèses. Et nous n'y parviendrons que si nous sommes accompagnés par un réseau composé de représentants de la pratique (leads RH, experts RH, décideurs d'organisations) et de la science ainsi que d'enseignants de la HWZ. Nous appelons ce réseau "Friends of the Lab" et nous nous réjouissons d'accueillir de nouveaux membres.
De nombreuses entreprises sont actuellement confrontées à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée et à des processus de changement. Dans quelle mesure la culture du lieu de travail détermine-t-elle réellement le succès économique ?
Peter Statz : On est naturellement tenté de répondre spontanément à cette question que le lien entre la culture d'entreprise et le succès économique est positif - et en effet, de nombreuses études montrent exactement cela. Toutefois, cela pose quelques défis méthodologiques, notamment en ce qui concerne la causalité (c'est-à-dire qu'est-ce qui agit sur quoi ?), la mesurabilité de la culture ou le biais d'échantillonnage, car de nombreuses études reposent sur des ensembles de données réduits ou transversaux. Une méta-étude de 2019, publiée dans le Journal of Applied Psychology, arrive néanmoins à la conclusion claire que les caractéristiques culturelles contribuent de manière significative à expliquer la performance organisationnelle.
La culture dépend également toujours du contexte, mais il existe des caractéristiques culturelles qui servent souvent de terreau positif, comme la confiance, l'orientation vers le sens, la sécurité psychologique, l'ouverture à l'apprentissage et la participation. En fin de compte, connaître réellement sa propre culture d'entreprise est une première étape importante pour chaque entreprise, afin de la façonner de manière ciblée et de l'utiliser comme facteur de réussite.
Le CAS Business Culture Design s'appuie sur des simulations d'IA. Peux-tu expliquer comment l'intelligence artificielle aide à mieux comprendre les processus culturels ?
Tom Schneider : Nous passerons une journée dans un laboratoire où l'IA simule un défi à l'interface de la culture et de la stratégie. Les étudiants agissent en groupes avec différents agents IA (par exemple CEO, experts en transformation, directeur des RH, réfractaires au changement, directeur financier, ...), qui posent sans cesse des défis dans le contexte de l'étude de cas. L'étude de cas évolue ensuite en fonction des décisions prises par le groupe. A la fin, les étudiants reçoivent un feedback sur la qualité des décisions prises et comparent les résultats entre eux.
Mais l'IA nous accompagne également pendant les cours. Au fil des jours et des thèmes, nous laissons régulièrement les étudiants remettre en question des situations pertinentes par le biais de l'IA et de ses agents. Bien entendu, l'IA ne remplace pas la discussion proprement dite, mais doit servir de base de réflexion aux étudiants pour comprendre les enjeux culturels dans un contexte stratégique. Nous utilisons les simulations d'IA pour faciliter le transfert dans le travail quotidien.
Où le Great Place To Work Lab @ HWZ doit-il se développer dans cinq ans ?
Tom Schneider : Je me réjouirais si, dans cinq ans, le Great Place To Work Lab @ HWZ s'était établi comme plateforme et point de contact pour le thème "Culture & stratégie" pour différentes parties prenantes :
- Pour les étudiants, s'ils souhaitent se perfectionner dans le domaine du développement stratégique de la culture. Nous avons ici le CAS et le Formation au leadership.
- Pour les organisations, lorsqu'elles souhaitent étudier plus en détail un défi spécifique. Ici, nous avons Recherche et conseil.
- Pour les praticiens désireux d'expérimenter de nouveaux thèmes à l'interface de la culture et de la stratégie ou de servir d'étude de cas. Nous avons ici le réseau "Friends of the Lab" avec lequel nous souhaitons organiser des événements.
Peter Statz : Le Great Place to Work Lab @ HWZ est un excellent exemple de la manière dont la HWZ vit son identité de haute école entrepreneuriale. À une époque où la technologie, et en particulier l'intelligence artificielle, exerce une influence considérable sur les organisations et les personnes, il est crucial que nous restions toujours conscients : La responsabilité des décisions nous incombe, à nous les humains, et non aux algorithmes. Pour cela, il faut une culture d'entreprise forte et sûre d'elle. Le développement culturel est essentiel à l'ère de l'IA, car il permet une approche responsable, réfléchie et centrée sur l'humain de la technologie. Notre voyage commun ne fait que commencer et je souhaite que nous puissions nous établir dans les années à venir comme un sparring-partner compétent pour nos parties prenantes sur le thème de la culture d'entreprise.
À propos de la HWZ Hochschule für Wirtschaft Zürich
Avec plus de 2500 étudiants et environ 800 enseignants issus du monde professionnel, la HWZ est la plus grande haute école de Suisse proposant exclusivement des cursus de formation en économie en parallèle d'une activité professionnelle. Elle propose un large éventail de cursus de niveau bachelor et master, plus de 100 formations diplômantes et certifiantes, la possibilité d'obtenir un doctorat ainsi que des formations sur mesure pour les entreprises. La HWZ est accréditée institutionnellement par le Conseil suisse d'accréditation. fh-hwz.ch
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